Les hommes dans la danse

Introduction – Les hommes dans la danse

La danse, souvent perçue comme un domaine majoritairement féminin, souffre encore de nombreux stéréotypes lorsqu’il s’agit des hommes qui y participent. Ces préjugés, profondément ancrés dans la société, créent des obstacles pour les danseurs masculins, tout en masquant la réalité d’une longue tradition de danseurs talentueux et respectés. Cet article explore les stéréotypes entourant les hommes dans la danse et met en lumière la vérité derrière ces idées reçues.

Les stéréotypes autour des hommes dans la danse

L’un des stéréotypes les plus répandus est que la danse serait une activité « féminine ». Cette perception découle souvent de l’idée fausse que la danse manque de virilité. Ou qu’elle ne correspond pas aux normes sociales de la masculinité. Les hommes qui choisissent de devenir danseurs sont souvent confrontés à des moqueries ou à des préjugés sur leur sexualité. Ce qui peut décourager de nombreux jeunes à poursuivre une carrière dans ce domaine.

Un autre stéréotype est que la danse classique serait réservée aux femmes, et que les hommes ne devraient pas y avoir leur place. Pourtant, de nombreux grands danseurs classiques, tels que Rudolf Noureev ou Mikhail Baryshnikov, ou encore Matthew Bourne (avec son Swan Lake (1995) ont marqué l’histoire de la danse. Ils sont des figures incontournables de cet art.

Aujourd’hui la danse masculine ce démocratise peu a peu, en s’appuyant sur des médias comme les films (Billy Elliot reste une référence marquante), les émissions de télévision (La Meilleure DanseSo You Think You Can Dance…), et plus récemment les réseaux sociaux comme TikTok ou YouTube. Ces plateformes montrent que la danse peut être universelle, puissante et expressive, au-delà des genres. (Selon Marvin formateur chez Unit Formation).

Mikhail Baryshnikov
Mikhail Baryshnikov

La réalité : force, discipline et excellence

Contrairement à ces stéréotypes, la réalité montre que la danse exige une force physique et mentale immense. Les danseurs masculins, tout comme les danseuses, doivent faire preuve d’une discipline rigoureuse pour atteindre l’excellence. Qu’il s’agisse de danse contemporaine, classique ou encore de street dance. Les danseurs doivent maîtriser des mouvements complexes, parfois acrobatiques qui demandent une grande puissance musculaire et une endurance impressionnante.

En outre, les hommes jouent souvent des rôles de soutien essentiels. Notamment dans le ballet, où ils sont souvent chargés de porter ou de soutenir leurs partenaires. Cela nécessite non seulement de la force, mais aussi une grande maîtrise technique et un sens de la coordination.

Des modèles masculins dans la danse

La danse masculine, a une longue tradition et a toujours été présente dans de nombreuses cultures à travers le monde. En Europe, dès le XVIIIe siècle, les hommes ont occupé des rôles prééminents dans le ballet. Aujourd’hui encore, des figures telles que Sergei Polunin, Carlos Acosta ou Benjamin Millepied montrent l’importance et la visibilité des hommes dans cet art.

Benjamin Millepied

De plus, les styles de danse plus modernes, comme le hip-hop, la breakdance ou encore le krump, sont dominés par des danseurs masculins. Ces styles demandent des compétences physiques exceptionnelles, souvent associées à la force, à la vitesse et à l’agilité.

Guillaume Diop : Premier danseur noir à l’Opéra de Paris

Guillaume Diop, a marqué l’histoire. Devenant le premier danseur noir à accéder au prestigieux rang d’étoile à l’Opéra de Paris. Cet exploit est d’autant plus remarquable dans un milieu où la diversité a longtemps été limitée. Diop, né à Paris d’un père sénégalais et d’une mère française. Il a su briser les barrières grâce à son talent exceptionnel et sa détermination. Ce tournant dans sa carrière, représente non seulement une victoire personnelle, mais aussi une étape importante pour une plus grande inclusion au sein de l’institution, inspirant ainsi une nouvelle génération de danseurs issus de divers horizons.

La chaîne YouTube Arte a réalisé un documentaire disponible jusqu’au 22/07/2025. Ce documentaire, suit Guillaume Diop ainsi que la jeune contrebassiste martiniquaise, Sulivan Loiseau. Durant une saison ponctuée de répétitions, de tournées, d’interviews ou de délicates réunions du comité consultatif « diversité » de l’Opéra de Paris.

La vision des hommes

Nous avons demandé l’avis de deux hommes sur le sujet : tout d’abord, Marvin, professeur d’histoire de la danse chez Unit Formation – qui de mieux placé pour partager ses connaissances ? Ensuite, Raphaël, élève chez Unit Formation, a également donné son point de vue. Ils nous ont partagé leurs ressentis ainsi que leurs parcours personnels. Voici quelques-unes de leurs citations :

Citations

Les hommes dans la danse : Le point de vue d’un élève.

Raphael étudiant chez Unit Formation

On me demandait souvent si je faisais du classique, si j’ envisageais un autre vrai métier, si j’étais le seul garçon, et si cela impactait mon orientation sexuelle (ce à quoi je répondais souvent en rigolant étant jeune : « pendant que d’autres jouent au foot entre mecs, moi je passe mes journées entouré que de belles danseuses, comment cela peut être un désavantage ? ») 

Dans ce milieu, en terme de Danse, les garçons sont vus comme ceux qui doivent faire des grands sauts, des accros, des portés, ou avoir une puissance physique supérieure; et bien que je considère avoir acquis ces éléments, je ressens aussi l’impression que si je danse simplement, sans montrer ma puissance physique, certains jugeront ça comme trop minime ou pas assez…

Le principal modèle actuel, que je puisse avoir, est Anthony Despras. J’aime la façon simple, masculine et musical qu’il apporte au jazz, il est l’exemple même qu’avoir du style et une place dans ce milieu ne se traduit pas forcément par des accros, ou l’abandon de notre caractère masculin.

La mentalité évolue beaucoup, et dire qu’il est plus difficile pour un homme d’être danseur qu’une fille, ce serait mentir, dans les deux cas, il y a des avantages et des inconvénients. Le seul point sur lequel il faudrait encore travailler est l’acceptation du fait que la danse n’est pas forcément synonyme de féminité, en aucun cas danser peut définir votre genre, votre caractère, votre orientation, c’est un sport comme les autres ! 

Citations

Les hommes dans la danse : Le Point de vue d’un professeur.

Marvin Formateur chez Unit Formation

Comme beaucoup d’hommes dans la danse, j’ai été confronté à des moqueries et à des incompréhensions, souvent liées à une vision genrée de cette pratique artistique. Pour surmonter ces obstacles, je me suis appuyé sur ma passion, mon engagement et une communauté d’ami.e.s danseur.se.s qui m’a soutenu. L’amour pour la danse a toujours été plus fort que les préjugés. De plus, j’ai toujours vu la danse comme un espace de liberté et d’expression où l’on peut transcender les jugements extérieurs. C’est cet état d’esprit que je m’efforce de transmettre aux jeunes générations.

Dans les années 80-90, les hommes dans la danse étaient cantonnés à des rôles souvent héroïques ou techniques, notamment comme partenaires dans les ballets classiques. Les danseurs étaient peu visibles dans d’autres styles et souvent réduits à des stéréotypes. Aujourd’hui, la perception a évolué, même si des barrières culturelles subsistent. Les styles contemporains, le hip-hop et le breakdance (encore plus avec les J.O) ont aidé à redéfinir l’image de la danse masculine en mettant en avant sa puissance, sa technicité et sa diversité.

Dans ma pédagogie, j’essaie de déconstruire les stéréotypes en proposant des cours non genrés et en valorisant la diversité des styles et des parcours. Mon travail en milieu scolaire, à travers des ateliers d’EAC, permet d’initier les élèves à la danse dès leur plus jeune âge, en brisant les idées reçues. Je veille également à fournir des références fortes en mettant en avant des figures masculines inspirantes dans mes supports pédagogiques. Enfin, le simple fait d’être un homme transmettant cet art me semble en soi une manière de faire évoluer les mentalités.

Conclusion :

En résumé, le regard sur les hommes dans la danse a considérablement évolué. Bien que les préjugés aient diminué, ils restent présents dans certains contextes. Les médias, les pratiques éducatives et les figures emblématiques ont joué un rôle crucial dans ce changement. Des initiatives comme Changer le Regard, soutenues par la Fédération Française de Danse et parrainées par Hugo Marchand, incarnent parfaitement cet engagement pour une danse inclusive, où chacun peut trouver sa place sans craindre les jugements.

Remerciements
Je tiens à remercier Raphaël et Marvin (élèves et professeurs) pour leur participation précieuse à cet article. Leur disponibilité et leurs réponses éclairées ont permis d’aborder avec justesse la question des hommes dans la danse et les stéréotypes qui y sont parfois associés. Merci pour votre engagement et votre partage sur ce sujet.